dimanche 17 février 2008

Vivre et vieillir à Nogent sur Marne

Combien de fois avons-nous entendu, lors de nos échanges sur les marchés et dans nos rues, des personnes d’un certain âge nous dire : « On ne fait rien pour nous, les vieux… On ne pense à nous que pour les élections et le repas de Noël… ». Comment en sommes-nous arrivés là et quel regard devons-nous porter sur le vieillissement dans notre ville ?
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La dimension urbaine du vieillissement n'est que très rarement évoquée dans les projets politiques. Elle privilégie souvent la pathologie de la vieillesse au détriment de l'humain. Et pourtant, en 2030, l’espérance de vie sera de 82 ans pour les hommes et de 87 ans pour les femmes… Même si nos seniors ont de plus en plus la santé (l’âge moyen de la dépendance va s’accroître lui aussi : 85 ans pour les hommes contre 79 aujourd’hui, et 88 ans pour les femmes contre 83 *), le nombre de personnes dépendantes va s’accroître de façon importante.

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A Nogent comme ailleurs, de plus en plus de personnes sortent du monde du travail, pour entrer dans une deuxième vie, qu’ils espèrent légitimement plus douce : ils veulent « bien » vieillir, là où ils ont passé leur vie, et disposer de transports, de services et de commerces accessibles, près de chez eux. Ils veulent aussi une vie partagée avec les autres générations. A Nogent, il y a 19% de personnes vieillissantes et 22% de jeunes.
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Pourquoi Nogent ne serait-il pas une ville exemplaire en termes de bienveillance et de « bien-traitance », prenant le vieillissement comme une chance nouvelle de développer une économie de proximité et une qualité de vie partagée ?

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Un « Conseil des sages » ouvert aux seniors, une « Navette » qui passe sporadiquement à heures fixes, 4 résidences pour personnes âgées et une maison de retraite privée… nous estimons que cela ne constitue pas une réponse à la hauteur des enjeux.
Dans les faits, les petits commerces disparaissent, remplacés par des agences immobilières, des enseignes de coiffure et de prêt-à-porter, et le secteur des services aux particuliers ne suit pas un accroissement inévitable des besoins.

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Nous souhaitons développer une économie de la « présence », en harmonie avec l’image de Nogent, ville « douce », où le maintien à domicile va de soi lorsque nos seniors le souhaitent.
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L’action des services sociaux (notamment le Centre Communal d’Action Sociale), doit être soutenue et complétée par la mise en place de solutions pratiques et inventives, en lien avec les associations, de façon à coordonner les services rendus, créer des lieux d'informations et d'échanges, confronter les pratiques (lieux d'accueil intermédiaires entre domicile et institutions par exemple…). La démarche doit être menée avec sérieux en évaluant les expériences, et en établissant les responsabilités.

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Les activités de détente et de loisirs, les sorties sportives, les Conférences et manifestations culturelles… sont désormais partie intégrante d’une « deuxième vie » que nos seniors doivent pouvoir croquer à pleines dents dans leur ville !

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Nous pensons que l’on est citoyen à part entière à tout âge. Nos seniors doivent pouvoir participer à l'évaluation de l'action publique, à l'élaboration de réponses solidaires nouvelles, aux projets urbains, et devenir en fin de compte des personnes « ressources ». Telle est notre conception d’une municipalité moderne, capable de construire une dynamique de la solidarité entre générations.

Ceci sans oublier que nos seniors sont aussi, à l’image de notre société elle-même, des êtres fragiles ayant besoin de soutien et de protection au quotidien. Nos seniors doivent être considérés dans leur diversité, leurs âges : à chaque étape nouvelle, ils doivent pouvoir « vieillir sans cesser d'exister ».

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Notre projet confirme le respect et l’attachement que nous avons pour nos aînés : nous mettrons en place une aide aux familles, aux personnels et aux malades, dans le cadre du Plan Alzheimer, par un partenariat innovant avec la Maison de Retraite des Artistes et l’Association France-Alzheimer. Nogent doit organiser un accueil temporaire et de jour suffisant, car le droit au répit des familles est une première exigence. Enfin, nous offrirons aux personnes âgées en grand isolement un suivi personnalisé, organisé par les services sociaux de la ville, avec l’aide de nos associations.
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(* Rapport du Conseil d’Analyse Economique et de la DIACT, Michel Godet, octobre 2006)
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